Gaz renouvelable : la dynamique se confirme en 2019

GRDF, GRTgaz, le SPEGNN, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et Teréga publient la cinquième édition du Panorama du Gaz Renouvelable, état des lieux annuel d’une filière renouvelable en plein essor qui a connu un quasi doublement entre 2018 et 2019.

 

La quantité de gaz renouvelable injecté dans les réseaux dépasse le cap du TWh en 2019

Sites en service en FranceL’injection de biométhane se caractérise par une forte dynamique depuis plus de cinq ans. 2019 confirme cette tendance avec la mise en service de 47 nouveaux sites en France, ce qui porte à 123 le nombre d’installations raccordées aux réseaux gaziers français à fin 2019. Les quantités de biométhane injectées dans les réseaux ont à nouveau quasiment doublé par rapport à 2018 pour dépasser la barre symbolique du TWh et atteindre 1 235 GWh1, soit l’équivalent de la consommation annuelle de près de 103 000 logements. La capacité maximale annuelle d’injection de l’ensemble des sites de production atteint 2 157 GWh fin 2019, contre 1 206 GWh fin 2018.

 

Des solutions multiples au bénéfice de l’attractivité des territoires

L’injection de gaz vert apporte une réponse aux enjeux climatiques, socio-économiques, agroéconomiques et s’inscrit, notamment, dans le principe d’économie circulaire. La filière biométhane apporte de nombreux services aux territoires : valorisation locale des déchets, résilience de l’activité agricole, décarbonation des secteurs énergétique et agricole, retour au sol du digestat comme matière fertilisante naturelle, création d’emplois locaux. La montée en compétences des acteurs sur la chaîne de valeur, la structuration et la professionnalisation de la filière ont permis d’atteindre plus de 4 000 emplois directs et indirects en 2018 et un chiffre d’affaires de 695 millions d’euros2. À elle seule, la filière biométhane permet de créer en moyenne 3 à 4 emplois locaux non délocalisables par installation, uniquement sur l’exploitation et la maintenance. En outre, le gaz renouvelable participe à l’indépendance énergétique de notre pays avec la production durable d’une énergie renouvelable, stockable dans les réseaux, et produite à proximité des zones de consommation.

 

Une filière mobilisable pour soutenir les secteurs fragilisés par la pandémie

Face à la crise sanitaire et économique actuelle, le biométhane a toute sa place dans les plans de relance de l’économie française. Il correspond parfaitement aux attentes sociétales et est en phase avec des enjeux qui sont plus que jamais d’actualité :

  • contribuer à la neutralité carbone,
  • soutenir une agriculture durable,
  • préserver la biodiversité,
  • valoriser les déchets des territoires (agricoles, ménagers, industriels, agroalimentaires…),
  • tendre vers l’indépendance énergétique,
  • dynamiser les territoires ruraux dans toutes les régions de France,
  • dynamiser une filière industrielle française-européenne (100% de valeur ajoutée européenne et 85% française).

Les projets enregistrés jusqu’en 2019 permettraient à la France d’atteindre, voire de dépasser, l’objectif de 10% de gaz renouvelables en 2030 inscrit dans le code de l’énergie et de contribuer à l’atteinte de la neutralité carbone en 2050.
Parmi ces projets, ceux qui sont à l’étude à un stade avancé représentent plus de 10 TWh/an de capacité potentielle. Ces projets matures sont mobilisables dans le cadre du plan de relance pour soutenir à court terme l’activité économique des secteurs fragilisés, en particulier l’agriculture et les travaux publics, dans les zones rurales d’ici 2023.

Quelques mesures d’accompagnement ponctuelles seront nécessaires à leur pleine participation à la relance économique. Tout d’abord, le cadre de soutien actuel dont bénéficient les projets biométhane matures doit être conforté et les objectifs fixés dans la programmation pluriannuelle de l’énergie rehaussés en conséquence à 12 TWh/an. L’adaptation des réseaux de gaz pour accueillir les quantités de biométhane doit être anticipée pour accueillir, dans les meilleures conditions, les projets mais aussi participer à la relance par l’investissement dans les renforcements de réseaux.

Également, des perspectives de plus long terme doivent être apportées pour soutenir la filière et conforter la mobilisation des financeurs. La réforme des garanties d’origine et le futur cadre de soutien, basés sur un équilibre entre tarif d’achat révisé et appels d’offres, sont à mettre en place en concertation avec la filière. Les appels à projet pour le biométhane non injecté et les filières biogaz innovantes (autoconsommation, pyrogazéification, couplage méthanisation – méthanation…) doivent être lancés suite à l’adoption des lois mobilité et énergie-climat qui les instaurent.

Enfin, les travaux sur les bénéfices environnementaux, économiques et agronomiques induits par le développement de la filière (évalués jusqu’à 70 €/MWh3 de création de valeur4/5) devraient également être intégrés au futur cadre de soutien.

Toutes les parties prenantes de la filière gaz renouvelable sont mobilisées pour apporter leur contribution à la mise en place du plan de relance de l’économie française, au service de l’économie circulaire, de la neutralité carbone, d’une agriculture durable et du respect de la biodiversité.

 

 

 

1 1 TWh = 1 000 GWh = 1 000 000 MWh = 1 000 000 000 kWh = équivalent à la consommation moyenne de 80 000 foyers.
2 Sur la base de l’adaptation de l’outil TETE « Transition Écologique Territoires Emplois » élaboré par le réseau Action Climat France et l’ADEME avec la contribution de Philippe Quirion, janvier 2018 (https://territoires-emplois.org). Le chiffre d’affaires intègre l’investissement, l’exploitation et la maintenance des unités de méthanisation.
3 Etude ENEA « Renforcer la compétitivité de la filière biométhane française : De nombreux leviers activables à court et moyen termes », Octobre 2018
4 Donnée reprise par le Comité Prospective de la Commission de régulation de l’énergie
5 Rapport sur le verdissement du gaz, Comité Prospective de la CRE, 2019